L’amour

Un éléphant aimait une fourmi
Un éléphant, c’est grand
Pas une fourmi.
Il lui dit « Je t’aime beaucoup! »
« Mais moi aussi » dit la fourmi
« Et si nous nous embrassions ? »
« Evidemment » dit la fourmi.
Malheureusement,
Sans faire exprès
En l’embrassant
Il l’avala.
Voilà!
Julien Baer
(Petit, 2018, illustrations de Camille de Cussac)
L’enfant qui est dans la lune

Cet enfant, toujours dans la lune,
S’y trouve bien, s’y trouve heureux.
Pourquoi le déranger ? La lune
Est un endroit d’où l’on voit mieux.
Claude Roy
1995-1997
Enfantasques, poèmes et collages 1978
sur une proposition de Geneviève. Merci à elle.
L’escargot perdu dans la nuit

L’escargot perdu dans la nuit
Cherche sa maison sans bruit
Il ne trouve plus son chemin
Mais dans les champs la lune luit
Et il voit dans les sapins
Qu’il a pris sa maison sur lui .
Martine Gehin
« Le roi des escargots »
La fourmi

Une fourmi de dix-huit mètres
avec un chapeau sur la tête
ça n’existepas, ça n’existe pas
Une fourmi traînant un char
plein de pingouins et de canards
ça n’existe pas, ça n’existe pas
Une fourmi parlant français
parlant latin et javanais
ça n’existe pas, ça n’existe pas
Eh ! et pourquoi pas !
Robert Desnos
1900 – 1945
La linotte (1)

Qu’est-ce que j’ai encore oublié
se dit se dit la linotte
j’ai mis j’ai mis ma culotte
j’ai mis j’ai mis mes souliers
Qu’est-ce que j’ai encore oublié
d’embrasser la tante Charlotte?
de faire cuire mes échalotes?
de repasser mon tablier?
La linotte s’envole au vent
les moineaux se tordent de rire
«ah, c’est trop drôle!»
« ah, j’expire!»
Ils s’enroulent dans la poussière
car en partant elle a oublié
quoi…?
sa tête de linotte* !
*Et moi j’ai oublié une rime.
Jacques Roubaud
(né en 1932)
Les animaux de tout le monde, éditons Seghers
Le petit chat blanc

Un petit chat blanc
Qui faisait semblant
D’avoir mal aux dents
Disait en miaulant:
» Souris mon amie
J’ai bien du souci
Le docteur m’a dit :
Tu seras guéri
Si entre tes dents
Tu mets un moment
Délicatement
La queue d’une souris «
Très obligeamment,
Souris bon enfant
S’approcha du chat
Qui se la mangea
MORALITE :
Les bons sentiments ont l’inconvénient
D’amener souvent
De graves ennuis
Aux petits enfants
Comme-z-aux souris
Claude Roy (1915-1997)
Enfantasques Gallimard 1993
La mer s’est retirée

La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée
Qui la remontera ?
La mer est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.
Jacques Charpentreau (1928-2016)
101 poèmes pour les petits Bayard Jeunesse 2002
Dame Souris trotte

Dame souris trotte
Noire dans le gris du soir
Dame souris trotte
Grise dans le noir
Un nuage passe
Il fait noir
Comme dans un four
Un nuage passe
Tiens, le petit jour !
Dame souris trotte
Rose dans les rayons bleus
Dame souris trotte
Debout paresseux !
Paul Verlaine (1858-1896)
Hérisson tout hérissé
Comptine à gestes

Grand Héron

Oh, dis moi Grand Héron
Pourquoi ton bec est grand et pas rond ?
Mais voyons ! Pour manger les poissons
La tête au sec et la pointe au fond .
David Dumortier
(1967…)
Animaux gonflables

Claude Haller (né en 1932 )
Poèmes du petit matin 1990, prix poésie jeunesse 1993.
Dans Paris

Dans Paris, il y a une rue
Dans cette rue, il y a une maison
Dans cette maison, il y a un escalier
Dans cet escalier, il y a une chambre
Dans cette chambre, il y a une table
Sur cette table, il y a un tapis
Sur ce tapis, il y a une cage
Dans cette cage, il y a un nid
Dans ce nid, il y a un œuf
Dans cet œuf, il y a un oiseau.
L’oiseau renversa l’œuf
L’œuf renversa le nid
Le nid renversa la cage
La cage renversa le tapis
Le tapis renversa la table
La table renversa la chambre
La chambre renversa l’escalier
L’escalier renversa la maison
La maison renversa la rue
La rue renversa la ville de Paris.
Paul Eluard
1895-1952
Poésie intentionnelle et poésie involontaire (Seghers, 1989)
A sept ans
A un an on tombe tout le temps
Un petit peu moins à deux ans
A trois ans la marche est haute
Mais à quatre ans on la saute
A cinq ans on cabriole
A six ans la grande école

Mais à sept ans on perd ses dents
Mais à sept ans on perd ses dents
On les met sous son oreiller
Une souris vient les chercher
Et vous donne à la place
Un jouet que l’on casse.
Anne Sylvestre
101 poèmes pour les petits
réunis par Isabelle Bézard
Bayard Jeunesse
A petits
petons

A petits petons
A gros ripatons
A dos du tonton
A petit mitron
Petit mirliton
A dos du pinson
A dos du maçon
Sur un limaçon
Un cheval d’arçon
A petit bidon
Sur un hérisson
Tout petit bedon
A petit mouton
Tout petits boutons
Petit puceron
A petit piton
Mais à gros ronrons
Petit patapon
Luc Bérimont
1915-1983
Chut !

Les chouettes chuchotent
les Chantal et les Charlotte
la chouette et la hulotte
Chut, chut !
le chemin cherche son ut
pour chanter avec les chats

que cherchent les mères Michel
habillées de chinchilla .
Martine Géhin
« Chut ! les chouettes qui chuchotent »
Éditions Saint-Germain-des-Prés (1 janvier 1976)
La linotte (2)

Je suis idiote,
dit la linotte.
J’ai oublié mes bottes,
ma redingote
et ma culotte.
J’ai froid à mes menottes
et je grelotte.
J’ai la tremblote
en sautant sur les mottes.
Mais je ne suis pas sotte
je chante sur six notes
et sur ma tête de linotte,
je porte une calotte
couleur carotte.
Paul Savatier
(1931 – 2018)
« Alphanimaux« ,
illustrations de Paule Charlemagne et Florence Guiraud
Editions du Sorbier, 2001)
Hanneton, vole, vole, vole…

Hanneton vole, vole, vole
Dagobert est à l’école.
Il a vaincu la Neustrie
Qu’il fait doux dans la prairie !
Hanneton vole, vole, vole
Charlemagne est à l’école.
Il s’y fait sacrer romain.
On aura congé demain.
Pierre Ancelin (1934-2001)
On lisait des poésies

On lisait des poésies
On a oublié
le rôti !
Nous ne l’avons pas mangé
le rôti tout brûlé
charbonné, calciné.
On a mangé un sandwich
du fromage et des radis
en lisant de la poésie.
Andrée Clair (1916-1982)
(Farfelettis 1973)
repris dans une nouvelle édition : « 101 poème pour les petits » 2002 chez Bayard Jeunesse
L’amiral

L’amiral Larima
Larima quoi
la rime à rien
l’amiral Larima
l’amiral Rien.
Prévert (1900-1977)
La mouche qui louche

Chaque fois que la mouche qui louche
Veut se poser au plafond
Elle s’y cogne le front
Et prend du plâtre plein la bouche.
MORALITE
Posez vous sur le plancher
Pauvres mouches qui louchez.
Jean Orizet (1937…)
Chevalerie

Je suis le chevalier des Bigoudis en fleurs
Malheur !
Mort aux rats !
To be or not to be !
Goudivera
A celui qui touchera
Aux cheveux de ma petite soeur !
René de Obaldia (1918 …)
Un trou dans le ciel

La lune qui descend l’escalier
est à son premier quartier
elle descend à reculons
tête en haut
cul en bas
atterrit sur le gazon
oh ! une tranche de melon
s’extasie l’escargot
plutôt une fille
rétorque le coiffeur
qui démêle ses rayons
seul l’enfant derrière la vitre
remarque le trou dans le ciel.
Vénus Khoury-Ghata
(23 décembre 1937…)
La lune n’est lune que pour le chat
Un garçon rond

Un garçon bien rond
Construisait des ponts ronds
Des donjons ronds
Des ronds-points ronds
Avec lui, tout était rond, rond, rond,
Il faisait même le dos rond .
Oh ! mais oui ! Ce garçon
Etait un chaton !
David Dumortier
(1967…)
La houle

La houle se défoule,
Les rouleaux roulent
Et les vagues déboulent.
Elles s’enroulent et se déroulent
Dans un fracas de jeu de boules
Qu’on blackeboule
Et qui s’écroulent.
Au fait qu’en disent les moules ?
Ça les rend maboules !
Corinne Albaut
Les comptines marines


Cavalcade

Un cheval de lune
Courait sur le sable
Un poulain d’écume
Trottait sur la grève,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval d’ivoire
Courait dans le soir,
Un cavalier rouge
Traversait l’automne,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval de pluie
Courait dans la nuit
Un coursier de verre
Labourait la mer,
Au trot, au trot, au galop.
Et tous les enfants
Poursuivaient en rêve
Toutes ces crinières
Libres dans le vent,
Au trot, au trot, au galop.
Louis Guillaume
Le clown

Un clown rigolo
Qui s’appelle coquelicot
On lui donne une claque
Ca le rend patraque
On lui donne un baiser
Il tombe de côté
Il tombe sur un os
Ca lui fait une bosse
Il tombe dans le feu
Ca lui fait des bleus
Aille ! Ouille !
Ca fait mal
J’ai les yeux qui mouillent
comme une grenouille.

Roland Topor
Le pamplemousse

Comme la luzerne et le melon
Comme la banane et le citron
Il pousse
Le pamplemousse
Comme la groseille et la laitue
Pas comme la pierre ou la morue
Il pousse
Le pamplemousse
Il est jaune comme un poussin
Il tient très bien dans la main
Le pamplemousse
Il est très bon pour la santé
On ne mange jamais assez
De pamplemousse
Mais c’est difficile de lui parler
Il est souvent pressé
Julien Baer
« Petit, un cahier de poésie » illustré par Camille de Cussac. auteur-illustrateur-interprète, né en 1964
Nuages

Ah les nuages !
Celui-ci ressemble à un lion
Celui-là non
Oh! On dirait un champignon !
Et celui-ci ! quelle drôle de tête!
Il ressemble un peu à la Crète
Il y en a des noirs menaçants,
D’autres si clairs presque transparents .
Certains ont l’air en coton
D’autres ont l’air bon
On me dit qu’ils sont remplis d’eau
Je n’en crois pas un seul mot.
Julien Baer
(Petit, 2018, illustrations de Camille de Cussac)
Le loup

Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il met ses bottes noires…
Qui a peur du loup ?
Pas nous,pas nous !
Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il prend son mouchoir
Qui a peur du loup ?
Pas nous pas nous !
Au fond du couloir
Le loup vient nous voir
A pas de loup noir…
Qui a peur du loup ?
C’est nous !
Sauvons-nous.
Marie Tenaille
(1928 – …)
Un chameau

Un chameau entra dans un sauna,
Il eut très chaud,
Très chaud,
Trop chaud
Il sua,
Sua,
Sua.
Une bosse s’usa,
S’usa,
S’usa.
L’autre bosse ne s’usa pas.
Que crois-tu qu’il arriva?
Le chameau dans le désert
Se retrouva dromadaire
Pierre Coran (1934 …)
(« La tête en fleurs » – Éditions Le Cyclope, 1979)
Le petit crapaud

Assis sur une prune
Un petit crapaud
Regarde la lune
Qui met son chapeau.
Un chapeau à plumes
Avec des grelots.
Madame la lune
Rendez-vous sur l’eau
Vous verrez la lune
Avec un chapeau
Un chapeau à plumes
Avec des grelots
Raymond Lichet
Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux
Le soleil y entra .
Le chat ferma les yeux
Le soleil y resta .
Voilà pourquoi le soir,
Quand le chat se réveille,
J’aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
Maurice Carême (1899-1978) )
Quand la neige tombe

Quand la neige tombe
Est-ce une colombe
Qui secoue au vent
Son plumage blanc ?

Ou tout un cortège
De blancs perce-neige
Qui suit en dansant
Le prince charmant ?
Anaïk Le Néard
1892-1972
Trois cerises rouges

Mon ours

Il n’a plus de bouton
A son beau pantalon
Il a perdu la ficelle
Qui lui servait de bretelle
On voit dépasser la paille
Au niveau de sa taille .
Et on aperçoit de la mousse
Sur sa frimousse .
Mais moi je l’aime pourtant
Au moins autant qu’avant .
Je l’aimerai toujours
Mon ours .
François David
(24 janvier 1950…)